A croire les économistes radiodiffusés, il n’y aurait plus de pilote aux manettes de l’économie mondiale. Bien sûr, eux-mêmes ont la solution, il suffit de réguler la finance mondiale devenue immorale. Laurence Parisot annonce sur France Inter que nous courrons un grand danger, « on est tous dans le même bateau » dit-elle. C’est sans doute la raison pour laquelle aujourd’hui, tout le monde critique les parachutes dorés. Ils sont en effet sans efficacité dans un bateau qui fait naufrage.
Mais la finance est-elle dérégulée ? Pas que je sache, et pas plus aujourd’hui que par le passé.
L’argent circule, il semble n’en faire qu’à sa tête mais il est parfaitement régulé. Bien sûr, de temps en temps une digue peut céder et provoquer des dégâts ou même faire un heureux imprévu, mais la plupart du temps l’argent va bien là où on lui a demandé d’aller dans ce hold-up permanent imaginé par les pères du capitalisme.
Laurence Parisot voit dans la crise actuelle un « onze septembre de la finance ». Sachant que Nicolas Sarkozy parle ce soir au cours d’un meeting, faut-il voir en lui un nouveau Pinochet ? Ou bien, passant allègrement de la marine à l’aviation civile, la patronne du MEDEF se voit-elle dans un avion en train de s’écraser ? De quel 11 septembre s'agit-il enfin ? 2001 ou 1973 ? Un stade chilien transformé en prison à ciel ouvert pour le peuple opposant, est-ce comparable avec une crise qui confisque leur maison à des milliers d'étasuniens ? Pardon, j'oubliais que c'est de la crise financière que nous sommes solidaires, pas de celle des subprimes.
Cette relativité est assez intéressante car après tout le danger est-il palpable ? Quantifiable ? Si je ne peux pas me nourrir, me loger, si je vis dans un pays où la police me tabasse chaque fois que j’ouvre ma bouche, je comprends ce que veut dire le mot danger. On ne doit pas courir un danger de cette nature puisque ceux-ci n’ont jamais provoqué d’injection d’argent de la part de la BCE ou de la FED. Nous allons face à des dangers indicibles.
Indicible ne veut pas dire petit. Il faut pointer du doigt, grossir à la loupe, nous assommer avec la grosseur du machin. Sarkozy a converti ses collègues maîtres du monde au programme de Bigard : On met le paquet. Les patrons voyous sont des gros dégueulasses. Et oui, plus c’est gros plus ça passe, mais faut quand même pas pousser, même chez les grands de ce monde. Le gâteau est gros, on s’arrange pour ne pas être nombreux à se le partager mais il se trouve toujours des mauvais joueurs qui veulent des parts beaucoup plus grosses que les autres. Ça c’est pas bien.
Pourtant, les méthodes financières qui ont fait sombrer des banques (et en ont fait grossir d’autres) sont les mêmes qui ont généré des profits records ces dernières années. Personne (parmi les pointures autorisées) n’a réclamé des comptes, ou plaidé pour (attention un gros mot) une redistribution des richesses dans les moments d’euphorie. C’est pourquoi on a d’autant plus intérêt à nous faire croire aujourd'hui que la crise est grave et que toutes les mesures qui vont être prises le seront pour notre bien à tous.
Ce qui doit nous rassurer, quoi qu'il arrive, c'est que le président de notre République se donne l'air de vouloir tout foutre en l'air dans un pays qui compte un joli nombre de présidents assassinés...
... On peut rêver qu'il lui prenne vraiment l'envie de tout foutre en l'air
Ps Merci à Gillinoui pour la relecture
jeudi 25 septembre 2008
Pour une dérégulation de la finance
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