mercredi 3 septembre 2008

L'art du montage

Plusieurs mois après avoir visionné le film de Serge Moatti sur Mitterrand à Vichy, je reviens sur un passage qui m’avait perturbé et amusé. Le film lui même n’est en rien mémorable, d’ailleurs j’ai à peu près tout oublié et alors que j’avais gardé en mémoire quelques éléments glanés il y a une dizaine d’années lors de ma lecture du livre de Pierre Péan, le film réussit l’exploit de m’embrouiller la tête. Bref, je ne me souviens aujourd’hui pas plus du livre que du film si ce n’est que le mélange d’images d’archives et d’images tournées par Moatti est cruel, tant les plans de Moatti étaient insignifiants. Moatti les trouvait-il pourtant supérieurs aux images d’archives pour qu’il se sente le droit de manipuler ces dernières. Regardez les images et vous verrez qu’à la toute fin du film, Moatti a placé des images tournées dans un camp. Or admirez bien le cycliste qui pédale à l’envers lors d’un panoramique. Moatti l’a-t-il fait exprès ou n’a-t-il pas supervisé le montage et n’a-t-il pas revu le film avant de le présenter au public ?



Des soldats traversent l’allée d’un camp, ils viennent de l’arrière gauche du plan pour arriver à l’avant droit. Pour que le plan suivant soit monté harmonieusement, Moatti voulait sans doute un panoramique à droite. Pour ce faire, lorsque vous avez entre les mains un pano gauche, votre grande morale de cinéaste, votre honnêteté intellectuelle sont vos seules guides. Vous montez donc le plan à l’envers. Vous obtenez ainsi votre Panoramique vers la droite. Vous avez ainsi correctement enchaîné vos deux plans comme on vous l’a appris à l’école.


Moatti mérite un bon point. Mais que se passerait-il si quelqu’un comme Siné, ou encore Dieudonné manipulait des images de camp de la mort ? Que dire aux imbéciles qui nient la réalité des camps de concentration si l’on manipule soit même les images, et dans un film diffusé par le service public ? Le caprice esthétique de tel ou tel prévaut-il sur l’archive historique ? Dans ce cas pourquoi pas un peu de couleur, pourquoi pas des images accélérées comme dans Benny Hill, avec des rires en fond sonore ? (Personnellement je ne suis pas contre, faut voir le résultat)


Il ne faut pas accabler le pauvre Moatti, il n’est que le reflet d’une société qui prend ses aises avec l’histoire, la vérité. Lui même, on l’a découvert, est un piètre monteur. Même ses montages financiers se cassent la gueule, privant le public, d’après Télérama, de l’émission qui devait être la meilleure de la rentrée…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

excellent texte mais il y a un "mais" et de taille, il n'y a aucun lien pour montrer ces images qui sont très intéressantes: il faut te démerder pour les trouver (Arte?) et expliquer sur ton lien qu'elles sont à la 8ème minute par exemple, ou alors télécharger le film et en faire un montage que tu mets sur Youtube, ce que tu dis est vraiment très bien sinon!

Minimal a dit…

Oui, une vidéo sera prochainement mise en ligne