lundi 29 septembre 2008

Retour sur Paris Match

Certains se sont offusqués des photos de Paris Match présentant les afghans supposés responsables de la mort de soldats français. Il s’en suivit une brève polémique comme les aime le cercle politico-médiatique. Pourtant, il est de notoriété publique que Paris Match appartient au groupe Lagardère, dont le président est un proche du nôtre. La rédaction de Match chercherait-elle à faire du tort aux intérêts de la France en faisant la promotion de ses ennemis en Afghanistan ? Cette rédaction n’a-t-elle pas retenu les leçons du passé ?

Allons quoi ! Cette bande de sauvages vêtus des uniformes des militaires français qu’ils assassinent nous narguent et on va rester les bras ballants ? Vont-ils bientôt violer nos femmes eux qui violent nos morts et brandissent leurs effets personnels dont une montre, symbole de l’importance du timing en temps de guerre. Le timing donc : Une embuscade le 18 août, un reportage photo le 4 septembre suivi d’une bonne polémique et un vote en assemblée le 22 septembre, pour la poursuite d’une intervention militaire en Afghanistan.

Et vous pensez encore que ce reportage était une erreur ? Que Lagardère ignore ce qui se passe chez Match comme il plaidait l’ignorance dans l’affaire EADS ? EADS qui fabrique missiles et Eurocoptères entre autres choses. Qui fabrique et qui vend, de temps en temps. En temps de guerre, par exemple.

Et vous avez encore le mauvais esprit de dire que Match fait du reportage choc pour vendre du papier !

jeudi 25 septembre 2008

Pour une dérégulation de la finance

A croire les économistes radiodiffusés, il n’y aurait plus de pilote aux manettes de l’économie mondiale. Bien sûr, eux-mêmes ont la solution, il suffit de réguler la finance mondiale devenue immorale. Laurence Parisot annonce sur France Inter que nous courrons un grand danger, « on est tous dans le même bateau » dit-elle. C’est sans doute la raison pour laquelle aujourd’hui, tout le monde critique les parachutes dorés. Ils sont en effet sans efficacité dans un bateau qui fait naufrage.

Mais la finance est-elle dérégulée ? Pas que je sache, et pas plus aujourd’hui que par le passé.
L’argent circule, il semble n’en faire qu’à sa tête mais il est parfaitement régulé. Bien sûr, de temps en temps une digue peut céder et provoquer des dégâts ou même faire un heureux imprévu, mais la plupart du temps l’argent va bien là où on lui a demandé d’aller dans ce hold-up permanent imaginé par les pères du capitalisme.

Laurence Parisot voit dans la crise actuelle un « onze septembre de la finance ». Sachant que Nicolas Sarkozy parle ce soir au cours d’un meeting, faut-il voir en lui un nouveau Pinochet ? Ou bien, passant allègrement de la marine à l’aviation civile, la patronne du MEDEF se voit-elle dans un avion en train de s’écraser ? De quel 11 septembre s'agit-il enfin ? 2001 ou 1973 ? Un stade chilien transformé en prison à ciel ouvert pour le peuple opposant, est-ce comparable avec une crise qui confisque leur maison à des milliers d'étasuniens ? Pardon, j'oubliais que c'est de la crise financière que nous sommes solidaires, pas de celle des subprimes.

Cette relativité est assez intéressante car après tout le danger est-il palpable ? Quantifiable ? Si je ne peux pas me nourrir, me loger, si je vis dans un pays où la police me tabasse chaque fois que j’ouvre ma bouche, je comprends ce que veut dire le mot danger. On ne doit pas courir un danger de cette nature puisque ceux-ci n’ont jamais provoqué d’injection d’argent de la part de la BCE ou de la FED. Nous allons face à des dangers indicibles.

Indicible ne veut pas dire petit. Il faut pointer du doigt, grossir à la loupe, nous assommer avec la grosseur du machin. Sarkozy a converti ses collègues maîtres du monde au programme de Bigard : On met le paquet. Les patrons voyous sont des gros dégueulasses. Et oui, plus c’est gros plus ça passe, mais faut quand même pas pousser, même chez les grands de ce monde. Le gâteau est gros, on s’arrange pour ne pas être nombreux à se le partager mais il se trouve toujours des mauvais joueurs qui veulent des parts beaucoup plus grosses que les autres. Ça c’est pas bien.

Pourtant, les méthodes financières qui ont fait sombrer des banques (et en ont fait grossir d’autres) sont les mêmes qui ont généré des profits records ces dernières années. Personne (parmi les pointures autorisées) n’a réclamé des comptes, ou plaidé pour (attention un gros mot) une redistribution des richesses dans les moments d’euphorie. C’est pourquoi on a d’autant plus intérêt à nous faire croire aujourd'hui que la crise est grave et que toutes les mesures qui vont être prises le seront pour notre bien à tous.

Ce qui doit nous rassurer, quoi qu'il arrive, c'est que le président de notre République se donne l'air de vouloir tout foutre en l'air dans un pays qui compte un joli nombre de présidents assassinés...

... On peut rêver qu'il lui prenne vraiment l'envie de tout foutre en l'air

Ps Merci à Gillinoui pour la relecture

jeudi 18 septembre 2008

L'art de la communication

Monsieur Le Pahun, dont le fils Julien, soldat, a été tué par des Afghans en Afghanistan lors d’une patrouille, a été très en colère. A croire les journaux, ce n’est pas le décès de son fils qui l’a mis en colère mais un reportage photographique. Une photographe a rapporté pour Paris Match (le poids des mots, le choc des photos) un reportage qui montre en effet des afghans en armes, vêtements et autres objets appartenant à des soldats tués. Des trophées de guerre en somme. Monsieur Le Pahun n’est pas la seule personne en colère. Des hommes politiques, des intellectuels et mêmes des journalistes le sont. Eux ne sont pourtant pas en deuil.

Ces gens-là n’ont pas trouvé « abject » que des militaires français soient tués au cours d’une mission en Afghanistan. A peine a-t-on entendu ici ou là des interrogations sur le fait que des jeunes de vingt ans étaient engagés dans un conflit armé. Sans doute s’imaginaient-ils que la politique de l’armée française est d’envoyer au front des polytechniciens et énarques formés au combat et sages d’une cinquantaine d’années.

Ces derniers temps, la presse passe son temps à juger la presse. Quoi de mieux pour un gouvernement. On ne s’étonne même plus que le ministre de la défense parle, sur France Inter, de « la faiblesse de l’opinion publique dans les démocraties occidentales. » Vous pouvez traduire s’il vous plait ? On est trop manipulable ? Moi pas comprendre. Et vous ?

En revanche, si je comprends bien notre ministre de la défense, le France est en guerre de la communication avec une partie des Afghans, celle qu’on dit minoritaire et qu’on appelle Taliban. Organisateurs de la nuit des publivores, il ne vous reste plus qu’à vous procurer la vidéo de l’embuscade des communicants français en Afghanistan si vous ne voulez pas passer pour des brèles.

mercredi 3 septembre 2008

L'art du montage

Plusieurs mois après avoir visionné le film de Serge Moatti sur Mitterrand à Vichy, je reviens sur un passage qui m’avait perturbé et amusé. Le film lui même n’est en rien mémorable, d’ailleurs j’ai à peu près tout oublié et alors que j’avais gardé en mémoire quelques éléments glanés il y a une dizaine d’années lors de ma lecture du livre de Pierre Péan, le film réussit l’exploit de m’embrouiller la tête. Bref, je ne me souviens aujourd’hui pas plus du livre que du film si ce n’est que le mélange d’images d’archives et d’images tournées par Moatti est cruel, tant les plans de Moatti étaient insignifiants. Moatti les trouvait-il pourtant supérieurs aux images d’archives pour qu’il se sente le droit de manipuler ces dernières. Regardez les images et vous verrez qu’à la toute fin du film, Moatti a placé des images tournées dans un camp. Or admirez bien le cycliste qui pédale à l’envers lors d’un panoramique. Moatti l’a-t-il fait exprès ou n’a-t-il pas supervisé le montage et n’a-t-il pas revu le film avant de le présenter au public ?



Des soldats traversent l’allée d’un camp, ils viennent de l’arrière gauche du plan pour arriver à l’avant droit. Pour que le plan suivant soit monté harmonieusement, Moatti voulait sans doute un panoramique à droite. Pour ce faire, lorsque vous avez entre les mains un pano gauche, votre grande morale de cinéaste, votre honnêteté intellectuelle sont vos seules guides. Vous montez donc le plan à l’envers. Vous obtenez ainsi votre Panoramique vers la droite. Vous avez ainsi correctement enchaîné vos deux plans comme on vous l’a appris à l’école.


Moatti mérite un bon point. Mais que se passerait-il si quelqu’un comme Siné, ou encore Dieudonné manipulait des images de camp de la mort ? Que dire aux imbéciles qui nient la réalité des camps de concentration si l’on manipule soit même les images, et dans un film diffusé par le service public ? Le caprice esthétique de tel ou tel prévaut-il sur l’archive historique ? Dans ce cas pourquoi pas un peu de couleur, pourquoi pas des images accélérées comme dans Benny Hill, avec des rires en fond sonore ? (Personnellement je ne suis pas contre, faut voir le résultat)


Il ne faut pas accabler le pauvre Moatti, il n’est que le reflet d’une société qui prend ses aises avec l’histoire, la vérité. Lui même, on l’a découvert, est un piètre monteur. Même ses montages financiers se cassent la gueule, privant le public, d’après Télérama, de l’émission qui devait être la meilleure de la rentrée…

lundi 1 septembre 2008

Bêtisier

Je ne sais pas s’il existe en presse écrite l’équivalent du bêtisier pour la télévision. Si c’est le cas j’aimerai en être informé et je pense que ce qui c’est passé cet été concernant l’affaire Val Siné serait en bonne position. Qu’un directeur de publication, Laurent Joffrin, évoque la « race juive » dans un article censé dénoncer des propos jugés antisémites tenus dans un hebdomadaire c’est déjà pas mal. Que cet article soit en fait un soutien affirmé à un collègue directeur de publication qui déclare ne pas lire les textes de certains auteurs qu’il publie alors qu’il en est responsable, là on est dans le grand comique français.


Niveau bêtise on est au top. Il paraît difficile de faire mieux que les patrons !


Mais chers journalistes rassurez-vous je sais que vous en êtes capables. Par exemple une autre bêtise qui m’insupporte : la notion d’identité. Depuis plusieurs années en photographie on nous parle d’identité lorsque tel ou tel artiste réalise un travail sur les habitants des tésci ou autre groupes sociaux. Sur d’autres sujets également par exemple ceux liés à l’histoire. Mais la banlieue c’est vraiment la tarte à la crème. Ainsi, dans Libération du 19 août dernier, dans un texte sur une œuvre de l’artiste JR dans une favela de Rio, l’auteur écrit que l’artiste donne « une identité à la colline et à ceux qui l’habitent. » Non seulement la favela attendait un artiste pour se doter d’une identité mais en plus les habitants eux-même reçoivent cette extrême onction identitaire que l’artiste, du haut de la colline veut bien leur offrir.


L’œuvre elle même a l’air très belle et l’artiste semble avoir pris sa part de risque et travaillé en toute honnêteté. Mais voir l’artiste en fonctionnaire chargé du recensement, je ne sais pas où certains journalistes vont chercher leur inspiration. Ah si… Nous avons un ministère de l’identité nationale. On y forme sans doute des hommes et des femmes à la critique photographique.